• Comment faire pour embarquer les collaborateurs dans un projet de croissance ?

La première étape, c’est de mener une réflexion profonde sur la stratégie et la trajectoire que vous souhaitez emprunter. Ensuite, il est nécessaire de partager cette vision avec les équipes pour que in fine cela devienne la leur. Je vous livre la façon dont nous nous y sommes pris pour y parvenir. Une fois que nous avons identifié les grands chantiers et les zones géographiques, nous avons constitué, sur la base du volontariat, des groupes de travail en interne qui se tiennent en mode entrepreneurial. Qu’est-ce que ça veut dire ? D’abord, il n’y avait plus de statut, de grade ou de fonction. Les managers devenaient des managés par un pilote, un comptable pouvait demander à travailler sur une problématique de marque par exemple. Tout était ouvert. Puis, nous leur avons laissé toute liberté de déterminer des objectifs spécifiques et les moyens pour y parvenir. Notre volonté, c’était que chacun soit amené à sortir de sa zone de confort, que chacun devienne autonome, sur le fondement de son envie, de sa motivation propre.

Le résultat ? Nous avons approuvé les 7 plans d’actions que nous ont présentés les 7 groupes de travail. (…)  Je ne suis pas sûr qu’à l’avenir on continue à avoir une organisation en râteau avec un Codir et un Comex… Tout cela sera balayé et remodelé pour privilégier systématiquement le mode projet. À l’issue de cette réorganisation, nous donnerons aux groupes les moyens de réaliser leurs plans d’actions. Le centre de gravité du groupe tournera plus que jamais autour de l’envie et de la volonté de chacun. Si nous avions imposé ces changements, non seulement on aurait eu moins d’idées mais nos collaborateurs auraient été moins en phase. Aujourd’hui, ils construisent pleinement eux-mêmes la nouvelle aventure du groupe.

• Quels conseils aux entrepreneurs qui hésitent ?

S’ils expriment leur conviction sur le monde tel qu’ils le voient à 15 ans, sur leur secteur et les moyens pour devenir leaders et si leurs collaborateurs sentent qu’ils ont la force de conviction de les emporter avec eux ainsi que les investisseurs et les banquiers, il y a de fortes chances pour qu’ils montent avec eux dans le bus, le train, l’avion, la navette…

• Le plus difficile ?

La vraie réussite, c’est de laisser faire les autres. Parce que notre expérience nous a prouvé à mon épouse et moi-même que c’est aussi bien fait, voire même mieux fait que si c’était vous. C’est l’une des clés pour libérer vos équipes, libérer les individus. Attention, il y a deux conditions : d’une part, donner des signes d’encouragement et de reconnaissance et d’autre part, faire ce que vous dites de l’autre, c’est-à-dire donner vie aux projets dans lesquels ils ont mis toute leur énergie, c’est un impératif, forcément respectueux et gage d’une confiance respective absolue.