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L’autre visage du Bourget

Avec le premier remaniement ministériel, on a peut-être un peu moins parlé du salon du Bourget qu’à l’accoutumée. Pourtant, au-delà du traditionnel concours entre Airbus et Boeing sur les commandes d’avion, ce salon a été l’occasion de passer quelques messages forts sur les enjeux de la filière. 

Le Bourget : une fierté française

Premier salon mondial de l’aéronautique avec 350 000 visiteurs en 2015, le salon du Bourget est à l’image de la filière aéronautique : un symbole d’excellence et de fierté françaises, avec des retombées importantes pour toute l’économie (d’après les professionnels du tourisme, c’est l’événement qui fait le plus monter les prix de l’hôtellerie parisienne !)

C’est aussi et surtout une véritable ruche pour rendez-vous d’affaires : en 5 jours, les dirigeants de la filière engrangent l’équivalent de plusieurs mois de rendez-vous ; les agendas sont pleins et la durée moyenne des entretiens ne dépasse pas 20 minutes. C’est souvent l’occasion de cristalliser les signatures de contrats en cours de négociation.

A l’heure où les carnets de commande des avionneurs sont pleins et où les prévisions de trafic aérien restent en forte croissance, cette édition du Bourget a mis l’accent sur l’invisible : l’importance critique d’une filière de sous-traitance (supply chain) robuste et compétitive. Le Président de la République ne s’y est pas trompé, en rencontrant plus de 40 PME à l’occasion de son passage au salon.

Car derrière les succès d’Airbus, ce sont des centaines de PME et ETI qui façonnent la filière grâce à leur détermination, leur courage, leurs savoir-faire, leurs investissements et leurs prises de risques. Leurs défis ne sont rien d’autres que les grands défis français : améliorer leur compétitivité, conquérir l’international et s’approprier l’industrie 4.0.

Booster la compétitivité hors coût des entreprises de l’aéronautique

Contrairement aux idées reçues, le financement des entreprises n’est pas le principal obstacle à l’investissement de compétitivité. Selon la Banque de France, 93 % des entreprises obtiennent leur crédit d’investissement et 83 % leur crédit de trésorerie. Pour renforcer la compétitivité de la supply chain aéronautique, comme dans les autres secteurs, la clé c’est l’accompagnement. Il faut briser la solitude de l’entrepreneur.

Le Groupement des Industries Françaises aéronautiques et Spatiales (GIFAS) ne s’y est pas trompé, et a lancé 2 initiatives sur ce salon : d’abord la prorogation de son programme Performance industrielle qui vise à porter les taux de réalisation (on time delivery ou OTD) de plus de 90 % en moyenne actuellement à près de 100 % ; ensuite le lancement d’un programme d’accompagnement structurant, en partenariat avec Bpifrance, baptisé Ambition PME-ETI.

Comme dans les autres secteurs, il y a trop peu de PME et d’ETI de croissance dans l’aéronautique. La première cause de cette déficience ? La solitude de l’entrepreneur. Le manque d’entourage, de bras droit, de conseil, de visibilité.

Le premier objectif de l’accompagnement, c’est la prise de recul. La prise de recul sur sa stratégie, son positionnement, son environnement, sur une vision de l’avenir ambitieuse. 100 PME et ETI de la filière vont donc s’y atteler dans le cadre du programme Ambition PME-ETI et écrire leur plan stratégique et leurs plans d’actions, pour se diversifier, se renforcer, croître, se transformer, se digitaliser et conquérir l’international.

Avec Ambition PME-ETI, le GIFAS ouvre la voie à des accélérateurs de croissance sectoriels. Le Bourget sera inscrit sur leur acte de naissance.

Co-innover pour garder un temps d’avance

C’est encore au Bourget que le Paris Air Lab a vu le jour : 2000 m² dédiés à l’innovation aéronautique, spatiale et numérique où plus de 100 startups se sont succédé en une semaine. Battle nefs, aéronefs, usine du futur… quand l’innovation est technologique, elle nous ouvre de nouvelles dimensions, plus de fiabilité comme avec la réalité augmentée, la simulation et les « smart processes », plus de possibilités et de qualité comme avec la fabrication additive ou les nouveaux traitements de surface (la peinture sans éraflure!).

Mais l’innovation ne se résume pas à cela. C’est au cœur de ce nouveau Lab qu’il faudra inventer de nouveaux moyens de collaboration entre les PME, les startups et les grands groupes. Un langage commun, une confiance solide. Cette transformation est celle des hommes et des comportements ; celle qui permettra de construire cette équipe de France différenciante, visible et unie à l’internationale.

Au Bourget, la filière aéronautique était à l’image de la France : ouverte, forte de son ancrage dans les territoires, innovante et tournée vers l’avenir. L’ADN de la France d’aujourd’hui.

Fanny LetierL’autre visage du Bourget